Le heida, un trésor haut-valaisan

La Cave du Rhodan, à Salquenen, a dominé une dégustation de savagnins blancs issus de tout le pays. Bien implanté en Valais, le cépage originaire du Jura français est en plein développement en Suisse, avec une surface multipliée par sept en vingt ans

Pour Paolo Basso, meilleur sommelier du monde, le savagnin blanc serait «un cépage idéal pour développer l’export des vins suisses», aujourd’hui marginal (1% de la production). Originaire du Jura français et la base du célèbre vin jaune, cette variété de raisin donne des vins susceptibles de plaire à une clientèle internationale, avec à la fois beaucoup de structure et de fraîcheur.

Le savagnin blanc offre en outre l’avantage d’être un cépage identitaire, à défaut d’être autochtone: il est présent en Valais depuis le Moyen Age. Sa première mention écrite sous le nom de «heida» date de 1586 dans un document officiel de la commune de Viège. On peut imaginer qu’il était également présent dans les vignobles du pied du Jura, de Genève à Bienne. C’est l’hypothèse du vigneron neuchâtelois Jean-Denis Perrochet, de la Maison Carrée, qui vient d’en planter. «C’est possible, mais rien ne permet de le prouver», souligne l’ampélologue valaisan José Vouillamoz, coauteur de l’encyclopédie des cépages Wine Grapes.

Syrah Quintessence 2009, Benoît Dorsaz

Une grande syrah valaisanne dégustée lors de la Mémoire des vins suisses, association qui valorise le potentiel de garde des meilleures cuvées du pays

Ce qui détermine la qualité d’un grand vin? Sa capacité à vieillir. C’est une règle universelle, mais elle a du mal à s’imposer en Suisse, où la plupart des vins sont bus dans l’année. Créée en 2002, l’association Mémoire des vins suisses, ou MDVS, s’engage pour changer les choses en valorisant le potentiel de vieillissement d’une cinquantaine de cuvées triées sur le volet.

Giorgio Rossi, l’ambassadeur de la bondola

Très délicat, le cépage a longtemps été hégémonique dans le nord du Tessin, avant d’être remplacée par le merlot. Le vigneron de Sementina en a fait une spécialité appréciée.

C’est un cépage rouge rustique et mystérieux, très peu connu en dehors des frontières tessinoises. Longtemps populaire, la bondola a été arrachée massivement pour être remplacée par du merlot, devenu le cépage roi dans le canton. «Dans les années 1950, elle recouvrait encore plus de 50% du vignoble du Sopraceneri, dans le nord du canton», raconte Giorgio Rossi, patron de l’Azienda Mondo à Sementina, près de Bellinzone. «C’est un raisin qui pourrit facilement, avec une peau très fine. Il n’est pas facile d’arriver à maturité avec une vendange saine. Beaucoup de vignerons l’ont abandonné pour cette raison.»

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Electus, les promesses déçues

Lancé en 2013, le premier vin « icône suisse » n’est pas à la hauteur de ses ambitions, comme l’a montré une dégustation des trois premiers millésimes.

Il s’appelle Electus. L’élu, en latin. C’est le premier vin « icône suisse » lancé par Provins en septembre 2013. A l’origine, cet assemblage de cornalin, humagne rouge, cabernet sauvignon, diolinoir et merlot issu des meilleurs parchets de la coopérative valaisanne était destiné exclusivement à l’export. Avec un prix de 249 francs inédit pour un vin suisse, il avait l’ambition de se positionner comme un produit de luxe et régater avec les Supertoscans et les crus classés bordelais.

Cinq ans plus tard, le bilan est mitigé. J’ai pu le constater fin mars lors d’une dégustation des trois premiers millésimes d’Electus organisée à Sion lors de la rencontre annuelle de la Mémoire des vins suisse. Le programme comprenait également la dégustation de la cuvée « sœur » d’Electus, Eclat, un assemblage blanc d’arvine et de savagnin blanc, ainsi que des vieux millésimes de chez Provins. Parmi eux, un Ermitage 1980 et une Dôle 1976 du domaine de l’Evêché absolument bluffant.

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